Matrimoine oh !oui !

rencontre débat autour du Matrimoine au sénat le 2 décembre

Le 12 décembre 2019

C’est vrai que l’idée de se retrouver sous les ors de la république avec des femmes de multiples paroles , pour ouvrir le livre de l’héritage des femmes au monde , est une idée précieuse  portée par Gisèle Bourquin, elle même  grande  défenderesse des outremers au féminin

C’est vrai que l’idée d’un « matrimoine » qui regrouperait les gestes , les traditions artisanales culinaires spirituelles esthétiques artistiques musicales de ces pays éparpillés au monde, est une étape essentielle à nos ancrages .

C’est vrai aussi que ce qui nous lie, Martinique Guadeloupe Saint pierre et Miquelon Mayotte la Réunion Wallis et Futuna la Nouvelle Calédonie la Polynésie , c’est la république française dont nous serions une extension au 4 coins de la planète ….

Histoire folle , poétique et tellement  douloureuse …

Au sénat ce soir la , un vent du large a soufflé certes il arrivait du passé mais il disait l’avenir

Pour ma part et de la d’où je viens au delà des marqueurs , objets, saveurs, œuvres, sons, qui signent nos cultures , mon histoire, notre histoire partagée Antilles Guyane Réunion , m’a ouvert le chemin du matrimoine immatériel .

 Des gestes oui, mais surtout des nécessités d’arrondir nos danses autour de nos enfants pour les protéger de tout…la plantation esclavagiste qui est notre lieu commun  de  rencontre contrariée , nous a insufflé une énergie particulière une certitude, nous étions les seules à protéger nos petits êtres : contre les abus des maitres, contre le regard douloureux des hommes esclaves ,

Car puisque notre ventre n’était qu’une usine à fabriquer d’autres esclaves, puisque parfois manger de la terre ne suffisait pas à tuer la vie que le viol avait mise en nous, puisque parfois l’amour nous consumait dans les bras d’un grand nègre qui savait que ni ses enfants ni cette femme qu’on lui accordait ou qu’il arrachait à la vigilance des autres, ne pouvaient être avec lui de lui pour lui

Puisque au bout du compte cet être au creux de nos entrailles nous aspirait et  nous convoquait à l amour il fallait lui préparer des rêves , l’éloigner de tous les vents mauvais , lui donner la force lui dire son importance lui dire la liberté lui dire l humanité le nourrir le protéger , lui inventer un futur lui donner l’envie de vivre , être la déesse aux mille bras, le couteau suisse.. et c’est cet héritage que nous femmes  d’ici et de la  nous transmettons  dans un souffle inconscient, sans les mots

La est notre matrimoine

Le couteau suisse…ha !ha !ha !

Aujourd’hui encore et sans doute demain je rencontre des déesses Shiva aux mille mains pour lesquelles le temps est une variable d’ajustement d’une sur-occupation permanente , et même s’ il n’en ait plus besoin, elles ont éduqué les hommes à les laisser faire , ils y ont trouvé leur compte sans urgence

Mais elles continuent car elles savent difficilement faire autrement

La est notre matrimoine

Il appartient au futur car il nous a permis une résilience créatrice inventive qui secoue le monde de nouvelles audaces d’un nouveau langage

Femme joke nous sommes, femmes de paroles et de gestes sacrés , d’amour et de combat , le seul qui vaille celui d’une humanité réconciliée

Voilà ce que nous sommes

Et cela ne date pas d’hier

C’est une transfusion qui transcende le temps et nous savons ou elle est née…

Nous sommes les Shiva aux mille bras

Eïa mes sœurs eïa….

Marijosé alie

Paris 11 decembre 2019